Le voyage en immersion – témoignage de Lea Van Hoeymissen

Intensément émouvant et impressionnant.

Ces mots résument le mieux notre voyage d’immersion au Bénin.

Le Bénin est un pays en pleine expansion avec une population dynamique. Mais il traîne derrière lui un passé horrible où la traite des esclaves semait peur et tristesse et il se bat au quotidien contre la pauvreté, les manquements structurels, une nature versatile, des traditions ancestrales, …

Depuis le premier jour, des sentiments très contradictoires m’ont submergé.

Je fus émue par l’accueil chaleureux dans les écoles et villages, mais attristée par le manque de matériel scolaire élémentaire et les classes surpeuplées.

Je fus charmée par la créativité de la population locale à transformer un bidon de plastique vide en système de lave-mains hygiénique actionné au pied par un simple bâton relié à une corde. Ils révèlent une inventivité sans limite pour créer de nouveaux objets utilitaires avec des objets mis au rebut.

Je fus choquée par le manque de médicaments et de moyens dans les dispensaires et hôpitaux, mais j’ai admiré l’engagement et la créativité des médecins et infirmières à faire du bien avec peu de choses.

Je me suis réjouie en présence de femmes qui affichaient un enthousiasme contagieux pour leur potager, leur bananier ou leurs chèvres. J’ai ressenti la fierté d’une écolière qui racontait comment, en sa qualité d’ambassadrice, elle visite les enfants malnutris dans les villages et, assistée par le chef de village et son coach, apprend aux mamans comment préparer une alimentation équilibrée.

Je fus bouleversée et choquée lorsque nous avons suivi la route des esclaves et appris comment, dans un passé pas tellement éloigné, une partie de la population était soumise à des traitements horribles en étant vendue comme du bétail. Comment les hommes peuvent-ils en arriver à réduire leur prochain en esclavage ?

J’ai posé un regard respectueux sur le culte vaudou et découvert qu’il est pratiqué très différemment de ce qu’on en pense chez nous. Le vaudou rassemble la population et traite les délits et contretemps d’une manière superstitieuse mais qui s’avère souvent très sage.

Je fus irritée de voir des hommes se vautrer tandis que leur femme travaillait dur. Et choquée du fait de la répudiation des femmes lorsqu’un accouchement s’est mal déroulé ou quand elles ont subi un viol. Le droit des femmes et des enfants semble encore trop souvent bafoué.

J’ai compati avec les enfants, souvent des fillettes, qui vendent les objets les plus variés le long des routes au lieu de se rendre à l’école.

Je me suis sentie riche et gâtée parce que je suis blanche. Mais contrairement à bon nombre de pays d’Afrique, nous n’avons jamais été importunés pour nous inciter à acheter ou donner. Et, à la différence de notre Belgique, les gens sont souriants et joyeux, ils sont solidaires dans leur pauvreté et malgré les contretemps.

Je fus honorée d’être accueillie en audience dans la hutte royale par le roi de la tribu locale. Si le Bénin est une république gouvernée par un président, les rois jouissent encore d’une grande influence.

Je fus agréablement surprise par l’art moderne découvert dans quelques musées et par l’enthousiasme des guides qui nous ont montré avec fierté leur patrimoine contemporain.

Je fus impressionnée par la nature luxuriante. La verdure était abondante en cette fin de saison des pluies. Bientôt, nous disait-on, tout serait sec et brun. Mais tout de même … pourquoi n’y pratique-t-on pas plus d’agriculture ?

J’ai joui des chants et des danses, dans les écoles comme au dancing !

J’ai admiré les gens de la Fondation, l’équipe locale comme celle de la Belgique, pour leur détermination et l’énorme volonté qui les motive à s’engager au quotidien pour la réussite de leurs projets.

Ce voyage fut une immersion dans une culture étonnante et auprès d’un peuple empli de fierté. Une immersion dans de beaux projets et initiatives, dans des histoires humaines chaleureuses, dans la réussite et quelques contretemps, … Mais toujours des histoires qui témoignent de la volonté d’avancer.

Le Bénin a conquis pour toujours une place spéciale dans mon cœur.

Foto’s Peter Verbruggen